Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

TRANSMISSION

10 janvier 2010

Mes influences… ? Hummm… Difficile a dire… Est-ce

Mes influences… ?  

Hummm… 

Difficile a dire…

Est-ce maintenant qu’il faut que je cite 2-3 noms d’architectes connus pour montrer que j’ai un peu de culture et 2-3 noms d’architecte moins connus pour paraître authentique ? 

Non, les influences ne sont-elles pas plus profondes, plus personnelles ? Ne découlent-elles pas directement des expériences vécues?

Pour ma part, je pourrais alors parler, ici, de mon voyage de plusieurs mois sabbatiques en Thaïlande, où, il y a quelques années déjà, j’ai fait une sorte de retraite culturelle où j’ai découvert la science du Feng-shui – art chinois sur l’harmonie des énergies d’un lieu. Cette découverte m’a convaincue d’étudier l’architecture. Je trouvais fascinant qu’il soit possible d’influencer le comportement humain et sa façon de vivre en contrôlant la circulation des énergies d’un lieu. De retours en Suisse, j’ai eu l’occasion de suivre un projet entièrement basé sur cette science. Avec peu d’intervention, l’architecte spécialiste a réellement transformé l’habitat et les propriétaires ressentaient un véritable changement. Les résultats étaient stupéfiants.

Mais comme je n’applique pas cet art de vivre personnellement, est-ce que j’ai vraiment envie de le considérer comme une influence ?

Je pourrais alors parler de mes origines. Ma famille est une lignée d’architectes. Mon grand-père et mon arrière grand-père ont chacun collaboré avec de grands noms de leur époque : Frank Lloyd Wright, Alvar Aalto et Max Bill se retrouvent régulièrement dans nos albums de famille, mais alors ont-ils pu m’influencer ?


Album n°1             Les origines


Certains disent que les influences sont simplement des artistes, ou des œuvres qui suscitent notre intérêt. Le dictionnaire dit que c’est une action, une autorité exercée sur une personne. Moi, je pense plutôt que c’est une façon de nous ranger dans des catégories, des courants, des styles. En quelques sortes, c’est une manière de stéréotyper un art. Par exemple, je pourrais me considérer comme ayant un esprit très symétrique, j’aime les traits droits, j’aime la simplicité, peut-on alors dire que mes influences sont celles du modernisme et du célèbre « Less is more » de Mies Van der Rohe ? Probablement.


Album n°2             Modernisme


Nos goûts artistiques découlent forcément d’exemples auxquels on peut ou pas s’identifier, mais peut-on alors considérer que ces semblables sont des influences ?

Peut-on plutôt considérer les influences comme simplement des liens que l’on peut trouver entre des artistes, connus ou pas, et nous ?

Je pense que mes troubles faces aux influences me viennent direc tement de mon expérience professionnelle dont je parlerai plus tard.

Commençons par le début de mon expérience artistique. Et oui, comme tout enfant, ma mère m’a couverte de compliments pour n’importe quel trait rouge ou bleu sur une feuille, les classant délicatement dans des classeurs après les avoir montrés à toute la famille sans oublier de s’écrier : « ma fille est une artiste, je le sens, elle aura un grand avenir ! ».

En regardant mes dessins que j’ai retrouvés dernièrement, je constate que je n’avais que deux obsessions : les cheveux de mes personnages, surtout les tresses et, avec un peu de fierté, les maisons. J’ai même retrouvé mes premiers plans.

À cette période, nous n’avions pas de télévision, mes références venaient donc directement de mondes imaginaires que je créais avec mes frères et sœurs et de nos livres d’enfant.


Album n°3             Dessins d’enfant


Je n’ai pas de souvenirs précis de la période du secondaire, sauf de mon professeur au fort accent italien un peu vicieux. Mais je me souviens très bien des centaines de cheminées que j’ai dû dessiner, en rose, en vert, au crayon, puis au feutre et pour lesquelles je ne ferai pas d’album.

Au collège, je me suis inscrite en section « Art Visuel ». Je ne sais plus exactement si cette décision était  par élimination ou par choix, je me plais à croire que c’était une volonté et que je ne suis pas une carrière artistique par dépit.  Durant ces années, j’ai vécu une expérience à double tranchant. Etant la seule élève de ma volée dans cette section, j’ai dû aller suivre, seule, ces six heures de cours au collège de Nyon. En pleine adolescence et en pleine période de rupture, un peu anarchiste et surtout immature, j’ai alors décidé d’y aller le moins souvent possible, pour ainsi dire, quasiment jamais. Je me suis volontairement soustraite aux influences par mon absence et par mon refus d’autorité. Je suis devenue le mouton noir de la classe. La rébellion oblige, je me suis fait ma place en me démarquant des autres.

Pour l’exposition finale de nos travaux, j’ai provoqué mes supérieurs en créant un petit salon de la torture. Poupées meurtries et décapitées et clichés d’un accouchement d’une tête ensanglantée composaient alors mon installation, choquant l’assemblée jusqu’aux larmes, pour certaines. Des petites cornes rouges et fumantes me poussaient sur la tête. Je n’ai tiré de cette « vengeance » que l’obligation de me plier à plusieurs séances avec le médiateur et le psychologue de l’établissement.

Je garde un goût amer de ces années de collège quant tenu de mon comportement stupide et puéril vis-à-vis de mes camarades, mais je garde également un goût très appréciable pour les divers Arts que j’ai pu découvrir et mes premières tendances pour la symétrie et les lignes droites.

Je me souviens de dessiner souvent dans mon carnet de croquis que j’adore feuilleter encore aujourd’hui, il traduit subtilement mon l’état d’esprit de cette époque.

Je garde peu de souvenirs de mon professeur. Il ne me considérait pas beaucoup vu que je ne prêtais pas l’attention requise à son cours. Faux souvenir… ?


Album n°4             Salon de la torture 

Album n°5             Carnet de croquis


Puis, mon école d’architecture. D’ailleurs, ne serait-ce pas de cette période que devraient découler mes influences ? Un apprentissage rigoureux pour lequel j’ai accepté le statu d’élève et respecté la hiérarchie. Les cornes ont alors laissé leur place à l’auréole. J’ai appris le dessin technique et informatique, le développement de l’esprit conceptuel et de l’esprit critique et autocritique. Pendant ces études, j’ai eu la joie d’expérimenter le premier tutoiement des professeurs. Des liens se créaient, on allait pêcher ensemble et on se faisait des choucroutes parties avec René Vitton, alors âgé de plus de 80 ans. Toutes fois, les professeurs étaient avant tout des professionnels, l’enseignement était de qualité. Ils n’avaient pas pour habitude de nous imposer une référence ou une influence, leur enseignement était libéré de tout cadre formaté, nous incitant à trouver nous-même ce qui nous correspondait.

On se souvient de cette complicité qui se bâtit toujours plus aux fils des projets. On se souvient de ces nuits blanches, toujours un sac de couchage rangés dans nos casiers. Les filles qui sont devenues mes meilleures amies. On se souvient de la période de diplôme, l’école changée en résidence principale ne nous offrait pas le confort d’une douche, on allait alors se baigner chaque jour au lac, puis suivre les matchs de la coupe du monde ‘06 avant de retourner bosser. On se souvient des « thirsty thisday » lorsqu’on finissait par trébucher sur les cadavres de bouteilles qui recouvraient le sol et lorsqu’on entraînait notre professeur de dessin à langer son nouveau-né sur une bouteille de whisky.

Lorsqu’on repense à ses études, on les qualifies généralement des meilleures années de sa vie, c’est le cas pour moi et ces trois années de Bachelor. Faux souvenir… ?


Album n°6            Diplôme


La fin des études est synonyme du début de la vie professionnelle. Fini la belle vie, finis les cuites du jeudi soir et fini les grasses matinées du mardi matin. Fini également la liberté de pensée et la liberté de création. On déchante. Loin les projets riches, complexes et variés. Me voilà dans l’évènementiel ! Quelle merde ! Je ne me suis pas rendu compte tout de suite, mais je créais selon les codes et les styles des marques que je représentais. Ainsi, je dessinais des stands et j’organisais des soirées en suivant  leur identité visuelle bien définie, ce qui ne laissait pas beaucoup de place pour l’apport artistique personnel et aux concepts innovateurs. Dans une telle dynamique, les références acquises ne servaient à rien.


Album n°7             Evénementiel


Cette expérience n’est évidemment pas une fatalité dans le domaine de l’architecture d’intérieur, mais elle a été la mienne. Mon envie de réintégrer une structure « libre » ne s’est donc pas fait attendre et n’est pas une surprise. Après trois ans, j’intègre le master_TRANS pour retrouver un travail d’hypothèse, de réflexion et de concept. Être conduit à faire des choix esthétiques et acquérir des compétences, voilà ce que je cherche de  cette nouvelle expérience. Retrouver une certaine authenticité de laquelle découlera peut-être certaines influences… ?

Finalement, j’aimerais penser que les influences changent et sont dépendantes du temps qui passe. Sans cesse, à la recherche de nouvelles références et de nouvelles expériences, notre monde artistique s’élargit et celui des influences aussi.

Ainsi, je laisse une trace « provisoire » des artistes qui me font vibrer aujourd’hui.

 

 

Les influences qu'on n'arrive pas à discerner sont les plus puissantes. 

Gustav Meyrink

 

Un professeur influence l’éternité : il ne peut jamais dire où son influence s’arrête.

Henry Brooks Adams

 

Publicité
Publicité
Publicité